3 Belges sur 4 ne sont pas satisfaits de la politique de lutte contre la pauvreté infantile, selon une étude menée par l’agence de recherche Profacts
La fondation contre la pauvreté infantile Pelicano souligne la nécessité d’une approche structurelle
Bruxelles, le 15 octobre 2024 – Environ trois Belges sur quatre ne sont pas satisfaits des mesures prises en Belgique pour lutter contre la pauvreté infantile. C’est ce qui ressort d’une étude récente de la fondation contre la pauvreté infantile Pelicano. La Belgique est l’un des pays les plus prospères au monde, mais 90 % des Belges trouvent inacceptable que la pauvreté infantile soit encore si répandue dans notre pays. Après tout, plus de 300 000 enfants vivent actuellement dans la pauvreté en Belgique. En cette année électorale marquée par l’entrée en fonction de nouveaux gouvernements tant au niveau fédéral que régional, la Fondation contre la pauvreté infantile Pelicano appelle à une plus grande coopération structurelle, dans tous les domaines politiques.
Une étude* de la Fondation contre la pauvreté infantile Pelicano, menée par l’agence de recherche Profacts, montre que, pour de nombreux Belges, ce phénomène reste une réalité dont ils ont peu idée. Bien que plus de 300.000 enfants** vivent dans la pauvreté en Belgique, 60 % des Belges ne sont pas directement confrontés à ce problème préoccupant. L’une des raisons possibles est que la pauvreté reste souvent cachée, les enfants et les parents taisant leur situation par honte et par crainte d’être exclus.
Ainsi, 90 % des Belges jugent inacceptable que le problème de la pauvreté infantile soit encore si répandu dans un pays prospère comme le nôtre et réagissent avec stupeur lorsqu’ils réalisent l’ampleur du problème. En effet, plus de 300 000 enfants sont en situation de pauvreté, soit plus d’un enfant sur dix en Belgique, 13 % exactement. Dans le cadre de la Semaine contre la Pauvreté Infantile organisée chaque année par la Fondation contre la pauvreté infantile Pelicano et de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté le 17 octobre, l’organisation attire l’attention sur ce problème.
Les politiques sont insuffisantes et le gouvernement n’assume pas ses responsabilités, selon les Belges
En cette année électorale où le prochain gouvernement est appelé à prendre ses fonctions, tant au niveau fédéral que régional, les Belges expriment leur mécontentement à l’égard des politiques de lutte contre la pauvreté infantile. Trois Belges sur quatre (76 %) pensent que le gouvernement ne parvient pas à résoudre le problème de pauvreté infantile. On ne note pas de réelles différences régionales à cet égard entre Bruxelles (72 %), la Wallonie (78 %) et la Flandre (77 %).
L’accord de coalition wallon 2024-2029 aborde la lutte contre la pauvreté infantile de manière superficielle. Le gouvernement wallon met l’accent sur l’amélioration des logements sociaux (par exemple sous forme de petites maisons), ainsi que sur le soutien aux écoles de devoirs. Cependant, cet accord reste flou quant aux véritables intentions politiques en matière de lutte contre la pauvreté infantile. L’accord de coalition flamand 2024-2029 se révèle également limité et peu concret. Des initiatives telles que les repas scolaires sains, le ‘Sociaal Klimaatplan’, le ‘Groeipakket’ et les coaches familiaux locaux sont mentionnées, mais restent formulées comme de simples intentions politiques, déjà en partie présentes dans les accords précédents.
La Fondation contre la pauvreté infantile Pelicano est donc très impatiente de voir le développement concret de la législation dans les mois à venir et appelle à renforcer les initiatives positives existantes comme la gratuité scolaire ou l’accès de soins essentiels. L’organisation est prête à coopérer avec le gouvernement, compte tenu de son expérience dans ce domaine.
Une grande partie de la pauvreté infantile passe inaperçue
La Fondation contre la pauvreté infantile Pelicano constate depuis un certain temps que de plus en plus d’initiatives locales sont organisées. Dans certains cas, la gravité de la situation et le besoin urgent d’aide sont tels que les gens prennent les choses en main.
Par exemple, de plus en plus d’écolesdisposent de leur propre fonds de solidarité pour faire face au manque de nourriture de certains élèves, tout comme des directeurs d’école qui négocient des réductions dans les magasins de leur commune pour acheter des vêtements et des chaussures pour les élèves en situation de pauvreté. D’autres écoles sont déjà dans un processus de gratuité des repas. Les villes prennent également des initiatives individuelles, proposant notamment des cours de soutien et une aide aux devoirs aux enfants défavorisés afin de les aider à améliorer leurs résultats scolaires. Ces projets sont menés en collaboration avec des écoles et des bénévoles locaux.
Cependant ces initiatives locales empêchent le problème d’être pris en compte par les organismes et les décideurs politiques responsables. Julien Etienne, porte-parole de la Fondation contre la pauvreté infantile Pelicano : « Les initiatives locales existent heureusement, elles font chaud au cœur et témoignent de la solidarité de nombreux Belges. Elles apportent un soutien rapide et nécessaire et jouent un rôle clé dans la lutte contre la pauvreté infantile. Mais parce qu’elles sont souvent à petite échelle et dispersées, l’ampleur réelle du problème reste invisible. Par conséquent, le gouvernement et les médias ne perçoivent pas toujours à quel point la situation est critique. Les décideurs politiques minimisent l’importance de travailler sur des solutions structurelles ».
Nécessité d’une coopération structurelle entre les différents domaines politiques
Conformément à la Garantie européenne pour l’Enfance (2021), la Belgique a également lancé le plan d’action national belge “Garantie pour l’enfance” il y a quelques années, affirmant que la pauvreté infantile nécessite une approche coordonnée. Le plan cite la complexité institutionnelle de notre pays comme un défi particulier, la fragmentation des compétences étant une cause majeure de l’absence d’une approche centralisée.
La Fondation contre la pauvreté infantile Pelicano appelle donc également à une coopération structurelle et centralisée entre les différents organes gouvernementaux. Julien Etienne : « Nous sommes au début d’une nouvelle législature wallonne et flamande, au niveau fédéral et local. C’est l’occasion de faire les choses différemment. Jusqu’à présent, la coopération en matière de pauvreté infantile a été trop fragmentée et répartie entre différents domaines politiques telles que l’éducation, le logement, l’aide sociale, l’emploi et la réduction de la pauvreté. Ces domaines politiques diffèrent également aux niveaux fédéral et régional. Nous vivons au 21e siècle dans un pays prospère : il est urgent de s’attaquer à la pauvreté des enfants dans notre pays. Les mesures budgétaires ne doivent pas impacter les enfants. Il s’agit de notre avenir.».
Pour attirer l’attention sur la pauvreté des enfants, la Fondation contre la pauvreté infantile Pelicano organise chaque année la Semaine Contre la Pauvreté Infantile. Cette année, elle le fait à travers la campagne ‘Ce n’est pas normal’.
*Enquête réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 1 500 participants en Belgique par le cabinet de recherche indépendant Profacts entre le 20 et le 27 septembre 2024 pour le compte de la Fondation contre la pauvreté infantile Pelicano. L’échantillon est représentatif en termes d’âge, de sexe, de classe sociale, de province et de région.
** Chiffre absolu basé sur les statistiques de Statbel, qui indiquent que 13 % des enfants vivent dans la pauvreté.